Méditation ?
Depuis longtemps, la méditation est dans l’imagerie populaire comme une pratique qui “calme” et qui “détend”. On imagine le yogi, à moitié nu, dans la position du lotus, le pouce et le majeur en contact, le regard mou dans l’absolu et en relation avec l’univers… hummmm, ça va pas être facile…
Toute pratique qui se base sur une illusion, une imagerie facile ou des lectures romanesques ne peut être sérieuse. Toute pratique sérieuse se fonde sur une relation avec un enseignement transmis par un professeur. Au cours des cinq dernières années, on a découvert en médecine chinoise un syndrome d’une pathologie nouvelle : le mauvais chi kung et les mauvaises pratiques “new age”. Sans maître, par des lectures et des “conseils”, les gens s’enferment dans une pratique nocive dont ils n’ont ni les clés, ni les portes.
Avant tout, que se passe-t-il dans la tête du yogi de tout à l’heure ? Dort-il ?
Si la pratique ne fait pas partie d’une tradition, mais reste juste un moyen de se “détendre”, il est plus profitable de faire de la relaxation ou de la sophrologie. Se “détendre” avec la méditation, c’est un peu comme prendre un tank pour écraser une fourmi. La méditation est une relation spirituelle avec le monde, mais ce n’est pas un exercice, pas vraiment.
Concentration, focalisation
Attention : détendue et soutenue
Toute notre pratique est basée sur une attention détendue de notre univers interne et externe : “ce qui est en haut est comme ce qui est en bas”, disait Hermès “Le Trois Fois Grand”. Ce regard intérieur couplé à la connaissance du monde nous rend présent et conscient. Nous évitons de perdre du temps dans une projection future ou dans le ressassement de nos souvenirs passés.
Dans cette recherche de l’instant, nous avons une arme incroyable, quotidienne et parfois permanente : la méditation. Notre esprit est trop souvent stimulé par le monde des perceptions externes et nous nous perdons parfois dans l’analyse malade et compulsive de celles-ci. Nous voyons un bel arbre et nous gâchons cette perception totale par un commentaire idiot : “Il est beau cet arbre, mais j’en ai déjà vu de plus beaux, je crois, mais….”.
Quotidiennement, nous avons la possibilité de retrouver un état de silence qui nous remet dans notre pratique taoïste, un “retour” de tous les jours. Cet état c’est la méditation. Sans celle-ci, nous pouvons nous perdre dans les méandres de notre esprit, fuyant la réalité pour notre interprétation de ce que nous percevons.
Pas un exercice, un état
La méditation n’est pas une pratique, c’est un état. C’est un état de silence, de retour sur soi, vers son “centre”. Cet état est notre état “normal”, mais il est englouti dans nos pensées compulsives des perceptions diverses, il est là, mais nous ne le voyons plus depuis longtemps ; il est présent, mais nous ne le sommes pas assez pour nous en rendre compte. Les exercices et les pratiques nous permettent de retrouver une nouvelle intimité avec notre nature profonde, silencieuse et détendue. Mais les exercices et les pratiques ne sont pas “la méditation”, ils ne sont que les voies qui mènent à celle-ci : “il ne faut pas confondre”. Rester dans un exercice alors que l’on cherche le produit de celui-ci, c’est porter son radeau après avoir atteint la terre ferme : nous sommes dans une confusion qui s’appuie sur l’aspect sécurisant de l’exercice et qui permet de ne pas se confronter à la réalité de l’état méditatif. Dans l’état méditatif, dans la méditation, nous ne pouvons nous mentir et nous voyons la réalité. Cette confrontation et la vision de notre “personnage”, de nos masques, peuvent être fatales pour notre ego.
Pour la plupart des débutants, l’état de paix et de silence est tellement inconnu qu’il faut passer par la seule voie d’accès possible : l’initiation.
Comment trouver ce qui est inconnu
Il n’est pas possible de chercher efficacement ce que l’on ne connaît pas. Il est toujours dangereux de chercher quelque chose à partir de ses supputations mentales et de son imaginaire. L’image que l’on se fait de l’objet cherché peut diriger notre attention sur tout autre chose : l’objet imaginé dans notre esprit, fruit de notre mental, nourri par notre ego et soutenu par nos fantasmes.
Pour ne pas se tromper, il suffit de percevoir ce que l’on cherche par expérience directe, puis la quête peut commencer. Le professeur sera là pour nous rappeler notre perception, pour nous aider à ne pas tomber dans la facilité du fantasme, de l’enrichissement de notre perception par nos associations compulsives de mental. Le professeur expérimente et connaît plus que nous ce sujet, sinon il n’est pas le professeur.
Cette perception directe de l’état méditatif demande une retraite de son quotidien, souvent pour quelques jours, et une immersion dans la pratique. Dans notre école, nous sommes opposés à cette idée spartiate de “no pain, no gain”, sans douleur pas de succès. Au contraire, nous recherchons une détente du corps et de l’esprit qui passe par des exercices dans des positions confortables et un cadre de vie agréable ainsi qu’une bonne alimentation.
Le principe de l’initiation
“Le régime du feu”
- la qualité des ingrédients de base,
- l’ordre de préparation, les étapes à respecter,
- la force et la durée de cuisson.
- la détente du corps et de l’esprit,
- la transmission des pratiques par le professeur,
- le travail accompli par le novice.
Il est inutile, et je ne le ferai donc pas, d’aller plus avant dans le détail.
Nous nommons les qualités de base les “ingrédients de transformation”.
Pour obtenir un bon “poulet aigre-doux”, il ne sera pas conseillé de mettre la sauce avant d’avoir fait frire le poulet… il y a un ordre à respecter. De plus, il faut préparer la sauce en même temps que le poulet pour que celle-ci reste liée, sans brûler le poulet ou gâcher la sauce : les étapes sont donc importantes. Ces détails sont le cœur de la pratique, ce que vous faites en tant que pratiquant, sous les conseils de votre professeur.
Dans l’alchimie, nous parlons du “processus alchimique”.
Si l’entraînement n’est pas quotidien, suivant votre rythme et votre niveau de pratique, nous pouvons le comparer à une casserole d’eau que l’on cherche à faire bouillir sur un feu intermittent ; car pour qu’il y ait ébullition, il faut un feu constant et suffisamment fort. Mais si la pratique est exercée sans préparation, sans professeur ou avec des adaptations nées de votre imaginaire (nourries de l’ego qui se défend), alors cela peut être comparé à une casserole vide sur un feu continu : une pression et une chaleur se dégagent, le tout n’étant pas sain pour atteindre “l’immortalité taoïste”. Si vous ne pratiquez pas, mais que vous prétendez à une évolution, c’est chercher cette “ébullition” sans casserole et sans feu, dans la tête peut être…
Dans l’alchimie interne, nous parlons du “régime du feu”.
Comment commencer ?
La seule chose à faire est de trouver un professeur.
Pour détendre son corps et son esprit, il suffit de rendre immobile le premier et de mettre en mouvement le second.
Il vaut mieux passer du temps à trouver un bon guide plutôt que faire mille pratiques confuses de front. L’accumulation d’enseignements ne peut qu’aveugler le chercheur dans sa quête.
Si vous êtes assis de temps en temps sur un coussin rigide, le dos raidit et les mâchoires serrées. Si vous accumulez jeûnes et autres pratiques nocives, que le tout sort de lectures et de conférences dans des “foires au spirituel”, alors lâchez tout ceci et allez à la recherche d’un enseignement valable, d’une rencontre vraie!